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Présentation de la lutte zapatiste et de l'initiative "une montagne en haute mer"

Il y a un quart de siècle, après dix ans de préparation, avec le soulèvement de l'EZLN émergeait des villages du Chiapas, au Mexique, un “ya basta” vibrant d'espoirs.

Les insurgé·e·s défrichent des chemins vers une vie digne. Dans la forêt et les montagnes, sur des terres “récupérées”, les “bases d'appui” zapatistes édifient des communautés autonomes. Elles et ils, malgré l'hostilité des dominants, créent des écoles, des cliniques, des coopératives, apprennent à se gouverner collectivement.

Les zapatistes savent bien que leur émancipation ne peut se réaliser que dans “un monde où il y a de la place pour plusieurs mondes”. Ils ont impulsé le Congrès National Indigène, organisé des rencontres autour des arts, des sciences, des luttes, évidemment, et surtout les femmes zapatistes ont pris en main leurs propres rendez-vous. 

Aujourd’hui les zapatistes nous disent :

“Dans les montagnes du sud est mexicain, tous les mondes du monde ont rencontré et rencontrent toujours une écoute dans nos cœurs. Leur parole et leur action ont alimenté notre résistance et notre rébellion…nous pensons que c’est le moment désormais pour que nous, zapatistes, nous rendions la pareille à l'écoute, à la parole et à la présence de ces mondes proches ou lointains par la géographie ” (communiqué du 5 octobre 2020)

C'est pourquoi les zapatistes entreprennent de venir en Europe cet été, première étape d'un voyage annoncé vers les cinq continents. Leur volonté : nous rencontrer, rencontrer celles et ceux, qui en bas à gauche suivent des chemins analogues. Elles et ils veulent mieux comprendre qui nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous pensons. Partager les réussites, les espoirs, les rêves mais aussi les difficultés, les erreurs, les échecs. Nous ne prétendons pas être les représentants ou les portes paroles des zapatistes. C'est en messager que nous vous proposons de vous saisir comme nous de cet élan.

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Nous nous proposons de faire un bref rappel ici de la lutte zapatiste, d'hier et d'aujourd'hui.

Cinq cent ans de lutte

12 octobre 1992. Alors que partout dans les Amériques, d'énormes mobilisations rappellent les “500 ans de résistance autochtones, paysannes, noires et populaires”, au Chiapas, une statue tombe. Celle du conquistador Diego de Mazariegos, fondateur de la petite ville coloniale de San Cristobal de Las Casas, explosée au marteau lors d'une marche indigène de plus de 15 000 personnes, un peu plus d'un an avant le soulèvement zapatiste.

“Bien des années en arrière, les femmes, les hommes zapatistes, nous ne faisions pas de manifestations, nous ne criions pas de consignes, nous ne brandissions pas de pancartes, nous ne levions pas le poing. Jusqu'à ce qu'un jour nous manifestions. La date: le 12 octobre 1992, lorsque là-bas, en haut, ils célébraient 500 ans de “rencontre des deux mondes”. Sans beaucoup de commentaires, la statue du conquistador est tombé. Savoir si ils l'ont relevé n'est pas important. Jamais ils ne pourront relever la peur dont elle était le symbole” (Notes sur la méthode zapatiste, 3 mai 2015).

D'où surgissent les zapatistes ?

D'un monde colonisé où, jusqu'en 1994, existaient encore de grandes propriétés et d'immenses domaines sur lesquels les peuples originaires ont vécu des centaines d'années durant dans la servitude. “Ce qu’ils nous disent nos grands-parents, nos arrière-grands-pères et grands-mères, c’est que le patron c’est le propriétaire des fincas, des grands domaines, de plein de fincas, de plein d’haciendas, de grandes propriétés. Tous les patrons ont leurs caporaux, leurs majordomes et leurs contremaîtres. Ces trois, quatre là avec le patron. Ils nous racontent que des grands domaines il en existe de 15 mille, de 20 mille et de 25 mille hectares. Et qu’il y a des grands domaines de différentes sortes de travaux. Il y a des domaines, c’est juste un type de travail, du café. Et il y a des domaines qui sont de café, de bétail, de maïs, de haricots, de canne à sucre…. De différentes sortes de travaux quoi. Ils nous racontent aussi leur manière de comment exploiter. Ils nous racontent qu’il y a des finqueros, des grands propriétaires ou des propriétaires de grands domaines qui ne leur ont jamais rien payé. Tout le temps de leur vie, ils leur ont seulement fourni le travail…” raconte le sous-commandant insurgé Moisés dans un texte, Le monde est un grand domaine entouré de murailles.

De là sont nées les premières révoltes. Les premiers exils vers la forêt en quête de terres sans patrons. Les premières organisations paysannes. Les premières récupérations de terres. La prison, la répression. Jusqu'au soulèvement.

“Antonio rêve que la terre qu’il travaille lui appartient, il rêve que sa sueur est payée de justice et de vérité, il rêve qu’il y a une école pour guérir l’ignorance et une médecine pour faire fuir la mort, il rêve que sa maison s’illumine et que sa table se garnit, il rêve que sa terre est libre et que son peuple peut gouverner et se gouverner, il rêve qu’il est en paix avec lui-même et avec le monde. Il rêve qu’il doit lutter pour que ce rêve devienne réalité, il rêve qu’il faut la mort pour avoir la vie.

Antonio rêve et se réveille… Il sait à présent quoi faire et voit sa femme accroupie qui attise le feu, il entend son fils pleurer, il regarde le soleil saluer à l’orient, et il aiguise sa machette en souriant. Un vent se lève qui renverse tout ; lui, il se lève et part à la rencontre d’autres. Quelque chose lui a dit que son désir est celui de beaucoup, et il va les chercher.

Chiapas : le Sud-Est en deux vents, un orage et une prophétie, sous-commandant insurgé Marcos, août 1992.

Présentation de l'EZLN et de l'autonomie zapatiste

(extrait de wikipedia… à reprendre)

Après dix années de préparation et d'organisation clandestine dans les villages de la jungle (selva) et des hauts plateaux (los altos) du Chiapas commence, le 1er janvier 1994, une insurrection indigène. Ce soulèvement a lieu le jour même de l'entrée en vigueur de l'ALENA entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, la date est donc choisie pour montrer un rejet du néolibéralisme. Les zapatistes affirment avoir opté pour la voie armée pour faire face au peu de résultats obtenus par les formes pacifiques de protestations.

Les combattants zapatistes, au visage caché par des paliacates ou des passe-montagnes, déclarent la guerre au gouvernement fédéral et à son armée, et parviennent à occuper le palais municipal (mairie) de San Cristobal durant quelques heures, faits connus sous le nom de Prise de San Cristóbal de las Casas, ainsi que ceux de Las Margaritas, Altamirano et Ocosingo. Une première déclaration de la foret Lacandone est alors rendue publique.

Après douze jours de guerre entre l'EZLN et les forces gouvernementales (faisant entre 150 et 200 morts), le gouvernement décrète un cessez-le-feu unilatéral sous la pression de la société civile nationale et internationale, et entame un premier dialogue avec l'EZLN dans la cathédrale de San Cristóbal de Las Casas. L'évêque de San Cristóbal, Samuel Ruiz García, sert de médiateur. Pour prouver sa bonne volonté, le gouvernement libère les prisonniers zapatistes et l'EZLN livre son unique prisonnier, le général Absalón Dominguez, ancien gouverneur du Chiapas.

Depuis leur soulèvement, les zapatistes se sont efforcés de construire leur autonomie… (cahiers de l'escuelita?)

L'EZLN dispose d'un site officiel, Enlace zapatista où sont publiés ses communiqués ainsi que leurs traductions dans de nombreuses langues.

Présentation du Congrès National Indigène

QU’EST-CE QUE LE CNI (Congrès National Indigène) ? (en espagnol)

“Le Congrès National Indigène s’est constitué le 12 octobre 1996 avec la volonté d’être la maison de tous les peuples indigènes, c’est-à-dire un espace où les peuples originaires trouvent l’espace de réflexion et de solidarité (nécessaire) pour consolider leurs luttes de résistance et rébellion, avec leurs propres formes d’organisation, de représentation et de prise de décision. C’est l’espace des indiens que nous sommes: Nous sommes les peuples, nations et tribus originaires de ce pays, le Mexique, parlant les langues Amuzgo, Binnizá, Chinanteco, Chol, Chontal de Oaxaca, Chontal de Tabasco, Coca, Náyeri, Comcac, Cuicateco, Kumiai, Lacandón, Matlazinca, Maya, Mayo, Mazahua, Mazateco, Mixe, Mixteco, Nahua, Ñahñu, Ñathô, Popoluca, Purépecha, Rarámuri, Tepehua, Tepehuano, Tlapaneco, Tojolabal, Totonaco, Triqui, Tzeltal, Tzotzil, Wixárika, Tohono Oódham, Mame, Tlahuica, Guarijío, Sayulteco, Yaqui, Zoque. (…)”

Exposition du collectif el cambuche, Toulouse, sur le Congrès National Indigène

“Nous, le CNI-CIG -avec les communautés zapatistes-, en tant que congrès lorsque nous sommes ensemble et en tant que réseau lorsque nous sommes séparés, nous sommes cette parole collective que non seulement nous faisons nôtre, mais dans et avec laquelle nous nous entrelaçons, avec la détermination que notre résistance grandira autant que la menace capitaliste contre la vie. Car pour nos peuples, il n’existe pas la possibilité de nous rendre, de nous vendre ou d’abandonner, quand ce sont la terre-mère et la vie que les gouvernements, entreprises, militaires et cartels de la drogue veulent obtenir comme butin du vol…”

extrait de la convocation à la 5e assemblée nationale du CNI

Présentation de quelques grandes initiatives zapatistes

1996-97: Les rencontres "intergalactiques"

Il y a de cela 25 ans… alors que se tenait à Paris la 5e rencontre européenne de solidarité avec la rébellion zapatiste, l'EZLN rendait publique un texte et un appel appelant à des “rencontres intergalactiques”, la Première déclaration de "la Realidad" contre le néolibéralisme et pour l’humanité : “Une nouvelle guerre mondiale se livre, mais contre l’humanité tout entière à présent. Comme dans toutes les guerres mondiales, ce qui est recherché, c’est un nouveau partage du monde. Cette guerre moderne qui assassine et oublie porte le nom de “mondialisation”. Le nouveau partage du monde consiste à concentrer du pouvoir au pouvoir et de la misère dans la misère. Le nouveau partage du monde exclut les “minorités”. Indigènes, jeunes, femmes, homosexuels, lesbiennes, gens de couleur, immigrés, ouvriers, paysans ; les majorités qui forment les sous-sols du monde, le pouvoir ne les voit que comme des minorités superflues. Le nouveau partage du monde exclut les majorités…”

Après des rencontres préparatoires qui eurent lieu sur les 5 continents, une “rencontre inter-continentale eut finalement lieu dans l'Aguascalientes (aujourd'hui Caracol) de La Realidad, Chiapas, du 27 juillet au 3 août 1996. De ces rencontres historiques qui marquèrent notamment la naissance de ce que l'on appela ensuite le “mouvement anti-mondialisation”, surgit cet appel zapatiste, toujours d'actualité, la Deuxième déclaration de La Realidad, proposant d'organiser: “un réseau de nos luttes et résistances particulières. Un réseau de résistance contre le néolibéralisme, un réseau intercontinental de résistance pour l’humanité. Ce réseau intercontinental de résistance, en reconnaissant les différences et en connaissant les ressemblances, cherchera à rencontrer d’autres formes de résistances dans le monde. Ce réseau intercontinental de résistance sera le moyen où les diverses résistances pourront s’appuyer les unes sur les autres. Ce réseau intercontinental de résistance n’est pas une structure organisée, n’a pas de centre directeur, ni de centre décisionnel, n’a pas de mandat ni de hiérarchie. Le réseau est constitué de tous ceux qui résistent”.

1999: 5000 zapatistes parcourent le Mexique dans le cadre de la consultation nationale pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones et pour la fin de la guerre d'extermination.

2001: Marche de la couleur de la Terre

2005-6: La Sixième déclaration et "l'Autre campagne"

Juin 2005, publication de la Sixième déclaration de la forêt Lacandone appelant à une fédération des luttes en bas à gauche, en dehors de toute perspective électorale.

Les chemins qui ont conduit à la Sexta

A partir d'un certain nombre de rencontres préparatoires, une tournée des différents Etats du Mexique démarre alors, baptisée "l'Autre campagne". (voir à ce sujet le magnifique documentaire Viva Mexico!)

2008: Le Festival mondial de la digne rage

Festival mondial de la digne rage (2008) : “Nous sommes seuls, et il ne nous reste plus que notre dignité et notre rage. Rage et dignité sont les ponts tendus, ce sont nos langages. Eh bien, écoutons-nous, connaissons-nous donc. Que grandisse notre courage et qu’il se fasse espoir. Que la dignité originelle soit retrouvée et que naisse un autre monde…”

2013-2014: l'"Escuelita"

COMPAS ZAPATISTES ET DU CNI : BIENVENUE EN EUROPE !

Lettre écrite et envoyée par différents collectifs européens pour l'anniversaire de la fondation de l'EZLN

pour aller plus loin

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