Aux Zapatistes, A l'EZLN, Au CNI-CIG,

Companeros, companeras, companeroas,

Nous vous écrivons depuis le sud de la France, plus précisément depuis le sud du département de l'Aveyron où suite à l'annonce de votre venue et de ce qu'elle a soulevé en nous, nous nous sommes constitué en CAZSA (Comité d’Accueil Zapatistes en Sud Aveyron). Nous voulions vous dire que nous sommes prêt.es a vous recevoir chez nous. Prêt.es à accueillir une quinzaine de personnes durant une quinzaine de jours au cours du mois d’août. Bien sur tout est modifiable. Nous allons nous organiser avec les autres personnes de notre région qui vous recevront pour vous proposer notre agenda.

Cet accueil s’articulerait autour de deux grands moments que chaque groupe qui en sont à l'initiative expliqueront plus bas. Il y a la volonté pour le collectif de l'Amassada d'organiser des rencontres publiques, nationales et internationales autour des luttes contre l'ordre électrique. Il y a la volonté depuis le village de Camarès de vous recevoir dans un moment plus privé, plus intimiste pour échanger autour du féminisme, du soin et de l'auto-justice. Autour de ces deux axes, des journées « satellites » sont en élaboration afin aussi de pouvoir partager avec d'autres personnes du territoire notamment sur les prises de décisions et l'organisation collective. Si nous nous organisons pour pouvoir vous recevoir quinze jours, c'est aussi pour laisser la place a des moments plus informels, à la rencontre et au repos…

Sachez bien que votre histoire, vos combats et vos écrits nous touchent droit au cœur. Qu'en ces temps troubles et sombres, l'aventure que vous lancez réconforte en nous l'élan de résistance et de rébellion.

Depuis le Sud Aveyron, Comité d'Accueil Zapatiste en Sud Aveyron.

L'Amassada est née sous une tempête de neige en janvier 2015. Amassada signifie « assemblée » en occitan. Elle a d'abord pris la forme d'une petite cabane faite de palettes pour s'ériger comme barricade face au monstre EDF, sa filiale RTE et leur projet de construction d'un méga-transformateur électrique sur des terres agricoles à Saint Victor et Melvieu. La défense de la terre par son occupation collective venait de commencer. Pendant plus de 4 ans, une assemblée s'y est tenue tous les samedis afin d'organiser la lutte. C'est dans ces assemblées que notre critique de la transition électrique s'est renforcée pour argumenter face aux centaines d'éoliennes industrielles que ce transformateur serait capable d’accueillir. Alors nous avons écrit des textes, fait des films, organisé des manifestations, acheté à plusieurs centaines les terres afin de constituer aussi des barricades de papiers. Nous sommes partis à la rencontre de différentes luttes, ailleurs et jusque dans l'Isthme de Téhuantepec. Chaque année de gagnée était célébrée par « La Fête du Vent ». Par cette fête nous voulions montrer un autre rapport au monde et aux éléments que celui des ingénieurs, des promoteurs, des multinationales. Ces rencontres permettaient de réunir plusieurs centaines de personnes venues pour débattre, informer, partager et dire que « non ! Il n'y a pas de transition énergétique mais une accumulation. Qu'il s'agit toujours d'extractivisme, de colonialisme, de violence et de mort. » Ces rencontres étaient aussi le moment de chantier collectif , et voilà comment d'une simple petite cabane l'Amassada s'est transformée en hameau, avec sa cuisine, son dortoir, sa salle de concert, son poulailler, son potager et même sa propre petite éolienne !

Puis sous la pression de l'arrivée des bulldozer, nous avons appelé à une occupation permanente de la terre en septembre 2018. Occupation qui a pris fin au petit matin du 8 octobre 2019. Nous étions une centaine à essayer de faire face à l'Etat, ses gendarmes, ses véhicules blindés et ses grenades. Il lui aura fallu une journée pour détruire ce que nous avions mis cinq années à construire. Mais d'une simple cabane, l'Amassada était devenue un collectif, une idée.

Aujourd'hui en France, plusieurs collectifs en lutte contre cet ordre électrique sont en train de se fédérer et le combat prend une autre ampleur. Alors nous avons décidé de fêter, une fois encore, le vent, plus sur les terres défendues, aujourd'hui recouverte de béton, mais à proximité. Nous allons nous retrouver pour continuer ce combat. Nous allons inviter les différentes luttes en France afin de nous organiser encore un peu plus. Nous tenions à vous faire savoir que depuis un petit temps ce processus d'organisation à l'échelle nationale a commencé. Au mois de mars, nous vous enverrons un texte qui l'annonce, écrit depuis plusieurs endroits mais d'une seule main.

Car cet ordre électrique incarne le système capitaliste et patriarcal, par sa froideur, sa recherche à tout pris de la rentabilité et par les dégâts qu’il cause sur nos territoires et sur nos corps. De ne voir le vent que comme une ressource, de ne voir la terre que par ses frontières, de ne voir les corps des femmes et des minorités de genre que comme des territoires à conquérir et à pénétrer est l’apanage de ce monstre froid et sans vie.

Nous savons que tous ces projets vont dans le même sens que les méga-projets au Mexique : l'expropriation des terres et l'imposition d'un mode de vie. Nous voulons partager avec vous nos analyses, nos forces et nos faiblesses face à ce système capitaliste patriarcal et ses infrastructures. Aussi, pendant toutes ces années, des schémas de dominations existaient et persistent toujours au sein de la lutte, mais des questionnements collectifs sont en cours, et nous aimerions, si vous décidiez de venir, ouvrir des espaces de discussions et partager nos expériences. Nous nous inspirons de l’approche écoféministe, qui nous parle, nous questionne, nous fait réagir et surtout, résonne particulièrement en nous, parce qu’il redonne une place entière à nos vécus, à nos traumatismes, à nos émotions, nos ressentis et nos sens. Cette approche met également l’accent sur la réappropriation, pour nous, femmes et minorités de genre, de savoir-faire essentiels à notre émancipation. C’est un soulagement de lire et d’entendre des sœurs et frères qui racontent leurs histoire et surtout qui montrent que, même si le chemin est encore long et tortueux, il existe et il n’appartient qu’à nous de l’emprunter.

Tout est encore en construction, mais nous imaginons ces rencontres sur 4 jours.

Nous tenions à rajouter trois choses :

• L'Amassada fait part du collectif STOP EDF MEXIQUE avec lequel nous préparons une tournée en France avec deux companeras de l'Isthme de Téhuantepec. Nous espérons faire aboutir ce projet afin que les companeras de l'Isthme soient aussi des nôtres pour fêter le vent tout.es ensemble !
• Nous adressons particulièrement une pensée et un message a la délégation portant haut le nom de Samir Flores Soberanes : Le patron de Saint-Gobin (que l'on sait impliqué dans le projet de centrale thermique dans l'état de Morelos) a une demeure en Sud-Aveyron. Ce sera l'occasion de le rappeler. Nous pourrions avec vous, si vous le souhaitez penser un évènement dénonçant ses responsabilités outre-atlantique.
• Comme nous l'avons précisé dans la première partie de l'invitation, nous pouvons accueillir une délégation d'une quinzaine de personnes durant quinze jours. Cependant, durant les quatre jours du rassemblement pour fêter le vent, si il y a plus de monde qui souhaite y assister nous pouvons nous organiser pour les accueillir durant ces 4 jours.

notre site internet : www.douze.noblogs.org

Nous sommes un groupe de MINTs (Meufs Intersexes Non-binaires Trans) habitant ensemble dans un petit village et aux alentours, au sein des collines du Sud-Aveyron. Nous y vivons dans des formes collectives qui ont évoluées au long de ces dix dernières années, en mixité, avec des maisons, terrains, ateliers en commun.

Nous invitons une délégation zapatiste de 15/20 compañeros, compañeras, compañeroas et enfants à venir chez nous durant une semaine. L'idée est de se rencontrer simplement, de se reposer, manger, se baigner, danser, discuter et faire, dans un cadre intime et non publique. Une majorité des temps et discussions sera dédiée à des partages en mixité choisie MINT mais une ouverture sera laissée à des échanges en mixité. Les idées que nous avons listées pour l'instant sont les suivantes : féminismes, formes de soin, vie communautaire, prise de décisions, différences générationnelles, auto-justice/auto-défense, planning familial, parentalité, auto-gynéco, cantine populaire, musique et chants,…etc et une importance sera laissée aux temps informels, aux propositions des zapatistes et à la détente.

A bientôt.

Inscrits dans une démarche collective, non spéculative et de luttes pour les communs face à ce monde libéral et destructeur … après l'accueil de représentant-e-s du mouvement des Sans Terre du Brésil en avril 2019, nous souhaiterions passer une ou deux journées avec vous pour que vous nous parliez de votre organisation, votre fonctionnement sans hiérarchie qui fait appel à chaque individu pour aboutir à une autonomie où chacun(e) est respecté(e) et impliqué(e) dans la lutte. Nous aimerions aussi échanger avec vous sur vos modes d'actions. Cela pourrait avoir lieu sur des journées satellitaires aux 2 évènements prévus dans le Sud Aveyron à Camarès et avec l'Amasada.

Voilà notre invitation, nous vous attendons et vous souhaitons plein de forces pour ce beau voyage !

Comité d’Accueil Zapatistes en Sud Aveyron

cazsa@riseup.net